Les textes ont été écrits entre 1978 et 1982

LA PROIE

Au dehors, la pluie gifle la fenêtre,

Ton corps ruisselant comme la rosée du matin,

Se colle au mien,

Pendant que ta bouche parcourt mon corps,

En essayant d’assouvir ta soif d’amour,

Je deviens une proie facile à être conquise

Tout comme le papillon traqué

Par la main du collectionneur.


LA PERVERSE

Oh! comme je jouis dans ce corps animal!

La fin du monde n’est rien au côté du bonheur que je ressens.


LE MAGICIEN

«Regardez les jolies colombes et lapins;

Regardez cette dame coupée en deux;

Voyez ces fleurs, elles sont belles;

Voyez...»

«Monsieur, je voudrais voir apparaître le bonheur...»

«...le bonheur, Madame?...»


LA VIERGE ET LA BÊTE

Ton souffle chaud, comme celui de l’animal,

Caresse et lèche mes seins,

Tes mains pétrissent mes fesses

Mon sexe devient moite,

 Et tes bras me serrent de plus en plus fort,

Je sens que ton bonheur va encore profaner mon intimité

Que tout ceci peut-il bien me donner?

Je ne t’aime plus.


EST-CE BIEN ÇA

Un oeil d’ouvert

Voilà l’autre,

Mes membres s’agitent,

Je puis me lever, marcher, courir,

Mais la vie, est-ce bien ça?


NOUS

Nos deux corps s’entrelacent et nos regards enflammés par la passion se posent sur cette vision fantastique qui pour nous n’est qu’un motif à nous aimer plus tendrement.

Sur la route du retour, nos doigts, mutuellement, cherchent un endroit où ceux-ci nous feront une certaine émotion.

A l’arrivée, c’est l’amour sous toutes ses formes, sans restrictions de notre part.

Mais combien de fois s’est-on aimé de cette façon sans penser au lendemain?


MARIE-MADELEINE

Oblique et transversale,

Cubique et octogonale,

Devant et arrière,

Sale et propre,

Argent et monnaie,

Plumard et fauteuil,

Voici ma vie, une vie d’adolescente, de fille, de femme, non de mère.

Voici ma foi, ma foi en tous les hommes qui me paient et ma foi de bonne baiseuse.

Je n’ai pas d’époux, d’amants. Si! un seul, celui qui déflora mes quinze ans, Mais d’innombrables clients.

Aujourd’hui mon cul vaut de l’argent et ma bouche encore plus.

La pénombre de mes quarante ans, le temps de mes clients devient le temps du temps, de me laisser choir au travers la société pour le temps d’une vie, le temps de ma vie de Marie-Madeleine.


MA PREMIÈRE SORTIE

Bien empesé et parfumé,

Les deux pieds dans le même soulier,

Amoureux et fiévreux,

À mes premiers jeux,

Prêt pour ma première sortie,

Mais c’en était trop vite fini...